Publié Le vendredi 01 juillet 2016
Pour Yves Menassé, chez Max Immobilier : « Il ne faut pas rêver, un appartement dont le loyer est surévalué ne se louera jamais. » Photo Alain Pistoresi
Chers ? À vous de juger : « Beau studio, 30 m2, bon état général. Centre-ville. Loyer : 550 euros ». « F2, 3e étage, entrée de ville. 720 euros ». « F4, quartier Balestrino, 100 m2, vue mer. 1 300 euros ».
Ajaccio n'est certes pas la seule ville de France à pratiquer des tarifs prohibitifs dans la location d'appartements, loin de là même, mais il faut reconnaître qu'avec des salaires inférieurs d'environ 20 % à la moyenne nationale, l'accès locatif devient de plus en plus restreint. Et les agents immobiliers l'avouent sans ambages. Car ces prix élevés ne sont pas du fait de ces derniers - dans la plupart des cas - mais des propriétaires, tous persuadés d'avoir un château de Versailles à louer...
« Effectivement, les propriétaires sont libres de fixer le montant du loyer. On peut certes les conseiller et les guider mais en dernier ressort, ils décident du prix à payer. Quand cela est véritablement déraisonnable, nous leur disons », explique Marie Arrighi, à l'Agence du Port, qui reconnaît que les petites surfaces, notamment les studios, sont effectivement chères.
Même cas de figure chez Max Immobilier. « Si vraiment un bailleur insiste pour fixer un loyer mensuel totalement disproportionné par rapport à l'appartement qu'il veut louer, je refuse de m'occuper du bien. Car, au bout de compte, il ne faut pas rêver : un appartement, et ce quelle que soit sa taille ou sa localisation, qui est surestimé ne se louera jamais. En revanche, un bien à un prix correct se loue sans souci et même sans publicité », remarque Yves Menassé.
La grosse difficulté pour de nombreux candidats à la location réside dans les conditions fixées par les bailleurs pour s'assurer de la solvabilité de leurs locataires et limiter ainsi les risques d'impayés. La pratique la plus courante est de demander des revenus équivalents à trois fois la quittance, c'est-à-dire le montant du loyer et des charges. Mais la tension actuelle sur le marché locatif, accompagnée d'une hausse des prix, fait que certains propriétaires exigent même un revenu net mensuel égal à 4 fois le montant du loyer hors charges... Mais, fort heureusement, cette tendance n'est pas de mise à Ajaccio. « Quatre fois le montant du loyer, ce serait impossible à appliquer », note Marie Arrighi. Qui reconnaît néanmoins que cette mesure a un aspect « positif ».
« Imposer cette règle, certes sélective, permet en effet de mettre en garde certaines personnes sur le risque du surendettement. Trop souvent, le locataire oublie qu'il n'y a pas que le loyer à payer. Louer, c'est aussi une taxe d'habitation, les charges qui correspondent aux frais que le propriétaire engage. Il peut s'agir de services liés à l'immeuble (gardien, eau, électricité...), de taxes locatives (ordures ménagères, notamment) ou encore d'entretien, de dépannage ou de réparations. Et puis, il faut être honnête, au regard des prix actuels, si l'on n'a pas effectivement un salaire équivalent à 3 mois de loyer, c'est difficile de s'en sortir ».
Yves Menassé ne pratique pas non plus la langue de bois. Il trouve aussi que le marché locatif ajaccien est cher. « Surtout si on le compare à celui de Bastia. La cité impériale est, depuis quelques années, confrontée à un déséquilibre entre l'offre et la demande. L'offre locative a été longtemps inférieure à la demande. D'où cette inflation des prix. Mais, actuellement, cela va beaucoup mieux. Les appartements de nombreux projets immobiliers ayant vu le jour ces derniers temps sont proposés aujourd'hui à la location. Deuxième raison objective de cette hausse : l'afflux de population, qui a forcément décuplé la demande ».
Le patron de Max Immobilier remarque que, très prochainement, entrera en vigueur une mesure de l'Etat destinée à faciliter l'accès à la location au plus grand nombre. « On ne demandera plus un salaire équivalent à trois mois de loyer. La fourchette devrait être entre deux mois et deux mois et demi. »
Si la baisse des loyers n'est pas encore pour demain, il sera quand même plus aisé de louer.
En attendant, de plus en plus de personnes pratiquent le système D. Cette débrouille au quotidien consiste, soit à louer au noir, soit à tenter le coup de la colocation.
La première est certes avantageuse car le loyer est généralement plus bas d'environ 20 %, mais aucune garantie n'existe. Ainsi, si le propriétaire veut récupérer son bien, le locataire n'a aucun recours pour rester dans les lieux. Quant à la colocation, si elle devient de plus en plus fréquente dans l'hexagone, elle reste marginale dans l'île.
Bref, à Ajaccio comme ailleurs, en location, on ne prête qu'aux riches. Pour l'instant...
Jean-Jacques gambarelli
source: meilleursagents.com
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